Enjeux de la filière

Augmenter la production de cuir français de qualité

La France est le 3ème pays exportateur mondial de cuir brut et le premier producteur mondial de cuir de veau, matière la plus recherchée par l’industrie du cuir.

Aujourd’hui, la filière est confrontée à des difficultés d’approvisionnement en peaux de veau en raison de la baisse de la consommation de viande (- 4 % par an) et de la présence forte de la teigne qui a pour résultat une dégradation de la qualité de la peau, ce qui la rend impropre à la fabrication.

Seules 10 % des peaux achetées aux éleveurs français peuvent être transformées en cuir de qualité́. La matière première disponible devient insuffisante pour faire face au fort développement du marché international.

Une expérience pilote, réalisé en 2012, a montré que la vaccination contre la teigne multiplie par 3 le rendement de peaux de veaux de premier choix. Les peaux de qualité́ peuvent ainsi passer de 10 % à 30 % du cheptel.

La vaccination contre la teigne donne, par ailleurs, de meilleures conditions de vie aux animaux en réduisant le stress lié aux démangeaisons.

La Norvège, qui a rendu la vaccination obligatoire en 1978, a pratiquement éradiqué la teigne de son territoire.

Une commission spéciale a été mise en place en 2008, réunissant l’ensemble des acteurs de la filière (de l’élevage à la distribution de produits finis) pour mesurer l’impact des bonnes pratiques d’élevage dans la chaine de production des peaux de veaux, de jeunes bovins et d’agneaux.

Il en a résulté les recommandations suivantes : adaptation des élevages pour réduire l’apparition de défauts sur les peaux, hygiène des locaux, vaccination, traitement contre les parasites, contrôle des conditions de transport et de l’abattage.

Un gain de qualité de 30 % est évalué́ en appliquant ces mesures aux peaux de veau.

Sécuriser les approvisionnements qualitatifs des grandes entreprises de l’industrie du cuir

19 tanneries et 26 mégisseries réalisent 404 millions d’euros de CA et emploient 1 550 personnes. En raison du savoir-faire des tanneries-mégisseries, les cuirs français sont très recherchés par les grandes entreprises en France et à l'international. La croissance du marché est soutenue, le chiffre d’affaires est en progression depuis 2012. La France est le n°1 mondial pour les cuirs de veau et de peaux exotiques (crocodile, iguane, autruche, etc.).

Certaines grandes marques françaises ont souhaité sécuriser leurs approvisionnements pour faire face à une pénurie de matières premières et à une évolution inflationniste des couts du cuir. Dans la même logique que l’intégration de la fabrication, les entreprises ont adopté une stratégie dʼintégration de la production de la matière et de la valorisation des savoir-faire en amont avec le rachat de fournisseurs.

Diminuer les charges sur le commerce et sur les industries du cuir et adapter la législation concernant le commerce de détail

La conjoncture difficile a affaibli le commerce de détail avec une baisse de 5 % du CA de 2006 à 2012 alors que, dans le même temps, les charges ont continué à progresser. Les loyers des commerces, indexés sur l’ICC, ont augmenté de près de 15 % en moyenne sur les 5 dernières années pour atteindre (charges comprises) près de 14 % du CA en 2012, soit l'équivalent de la masse salariale. La Contribution Economique Territoriale (CET) a relevé́ les prélèvements fiscaux de 30 % en moyenne dans le commerce. Le CNC demande la diminution des charges qui pèsent trop lourdement sur le commerce.

Encourager la création d’entreprises et assurer la transmission des PME familiales

La filière est constituée de 8 000 entreprises, les plus innovantes sont en développement grâce à des procédés issus de la recherche : amélioration de la qualité́ des peaux, de la production, process industriels innovants, respect de l’environnement... Des entreprises se créent également avec de nouveaux concepts.

Le CNC et la Fédération de la Chaussure avec l’appui du CTC, Comité Professionnel de Développement Cuir, Chaussure, Maroquinerie et Ganterie ont à cette fin, créé́ l’association « Au-delà̀ du Cuir » (AdC) soutenue par l’intégralité de la filière.

AdC conseille, guide et facilite le financement des projets de jeunes créateurs d’entreprise avec un fonds d’amorçage et un fonds de cautionnement. L’association AdC soutient les petits ateliers de production en chaussure et maroquinerie, détenteurs du savoir-faire, véritable patrimoine à préserver.

Déplafonner la taxe affectée pour accroitre la performance des PME/PMI de la filière cuir

La taxe affectée : une incitation à accroitre la compétitivité des PME/PMI de la filière cuir. Elle s’élève aujourd’hui à 12,5 millions d’euros. Elle est principalement financée par les grands groupes industriels du secteur (60%) et par les importations (40%) et redistribuée aux plus petites entreprises. Elle permet à celles-ci de développer des programmes d’innovation, de recherche et de développement, facteurs-clés pour leur réussite et leur compétitivité.
Quelles sont les principales destinations de la taxe affectée ?

  • Ajuster l’expertise industrielle pour une meilleure qualité́ des peaux, accroître la performance industrielle, améliorer la conception de produits finis, le développement durable...
  • Maintenir, développer et transférer les connaissances, réaliser des études pour les fédérations, mettre en œuvre les formations initiales et professionnelles.
  • Accompagner la promotion de la filière cuir en accordant des aides financières aux entreprises pour participer à des salons nationaux et internationaux.

Le plafonnement de la taxe limiterait les moyens de CTC et les actions collectives conduites au profit des PME basées sur les quatre “I” : International, Investissement, Innovation, Industrie.

Lutter contre la contrefaçon pour protéger la marque France

La contrefaçon est une menace considérable pour le « Made in France » et les marques des entreprises du cuir français, tout particulièrement dans le secteur de la maroquinerie. Des investissements importants sont réalisés par ces entreprises pour protéger les dessins et modèles. En dépit de l’action efficace des douanes françaises, ce fléau est toujours à combattre.

Améliorer l’attractivité des métiers du cuir auprès des jeunes et développer la formation

Les besoins de recrutement des entreprises de la filière sont importants mais de moins en moins satisfaits. Certains métiers ne sont plus pourvus, comme celui de piqueur pour l’industrie de la maroquinerie, alors que les entreprises proposent des perspectives d’emploi, des rémunérations satisfaisantes et la fierté́ de participer à une chaine de valeur unique et importante pour l’économie française.

Cette situation est liée à la méconnaissance des métiers du cuir par les jeunes et leurs parents. Le CNC valorise les 100 métiers et formations du cuir en participant à une grande manifestation « L’Aventure des Métiers » qui se déroule tous les ans au mois de novembre.

Des actions d’information et de communication sont également réalisées sur les territoires où les entreprises de la filière sont les plus nombreuses (Alsace, Lorraine, Aquitaine, Centre, Rhône Alpes, Midi-Pyrénées).

Le nombre de jeunes aujourd’hui en formation initiale est insuffisant alors que les besoins en personnel formé sont très importants. Par ailleurs, les formations initiales proposées ne sont pas toutes adaptées à la demande actuelle des entreprises de la maroquinerie et de la chaussure.

La filière s’appuie sur un réseau de 165 écoles en France préparant à 63 diplômes (du CAP au BTS) dans tous les secteurs : chaussures, cordonnerie/botterie, design/mode, fourrure, vêtement de peau, maroquinerie, reliure/dorure sur cuir, sellerie, tannerie/mégisserie.

Pour renforcer l’attractivité́ des métiers du cuir auprès des jeunes, CTC a mis en place des partenariats avec des établissements de profils "scientifiques et technologiques" ou "mode" : une école d’ingénieur cuir (ITECH), l’université de Savoie (ingénierie du sport), l’Institut Colbert et l’Institut Français de la Mode, qui permettent aux étudiants de découvrir les produits et les matériaux spécifiques aux industries du cuir.

Pour remédier aux difficultés de formation des jeunes, les fédérations se sont engagées depuis longtemps dans la formation professionnelle.

Elles sont soutenues par CTC qui, à leur demande, leur propose des plans de formation adaptés.

En vue d'assurer la pérennisation des savoir-faire des marques, CTC réalise également des formations de formateurs internes. Cette solution apporte aux entreprises une forte réactivité.

Produire dans le respect de l’environnement et de la santé du consommateur, un engagement de la filière

Produire dans le respect de l’environnement

La tannerie-mégisserie, notamment, a mis en œuvre dès les années 1960 une politique de développement durable pour limiter l’impact de ses activités sur l’environnement.

Utilisatrice d’eau et de produits de traitement, la tannerie-mégisserie a intégré les normes environnementales et a développé les technologies permettant de respecter le milieu naturel.

L’innocuité du cuir français pour la santé du consommateur est une préoccupation majeure de la filière.

Les normes européennes sur les substances chimiques sont strictement respectées et contrôlées : dosage de l’eau et des matières volatiles, teneur en matières extractibles, en matières solubles et en matières minérales solubles des cuirs, en teneur en ions chlorures pour limiter tous incidents sur la santé du consommateur. La filière du cuir français recommande l'utilisation de substances inoffensives comme le chrome 3 ou les tannins végétaux.

Les contrôles sont réalisés par CTC avec des outils de très haute technologie qui permettent de mesurer les niveaux de concentration des substances chimiques très faibles de l’ordre du ppm (partie par million ou mg par kg de cuir) voire moins.

Mettre en œuvre la traçabilité des cuirs et interdire les cuirs toxiques importés

Les membres du CNC, industriels, distributeurs, importateurs et grossistes de la filière sont particulièrement exigeants vis-à-vis de leurs fournisseurs sur le respect des normes de Responsabilité Sociétale des Entreprises.

La sensibilisation des entreprises de la filière aux enjeux de la RSE est une priorité. Depuis 2005, des actions d’information sont régulièrement organisées pour les entreprises du secteur.

Le référentiel de la filière cuir sur la RSE, à l’initiative de CTC, est en cours de finalisation.

Renforcer la visibilité de la filière et valoriser ses succès

En France et en Europe, les industries du cuir ont une forte et bonne image auprès des consommateurs car le cuir est une matière noble, de plus en plus utilisée par les créateurs de mode et de design.

En revanche, la filière, malgré la qualité de ses entreprises et de ses savoir-faire, est moins bien identifiée. Son image est contrastée en raison des nombreuses difficultés auxquelles elle doit faire face.

Le cuir et les articles en cuir produits dans les pays asiatiques font l’objet de nombreux reportages et articles dans les medias : conditions de travail inacceptables, dangers des cuirs toxiques pour le consommateur... Il pourrait en résulter une confusion avec la production française.

La filière a donc un fort enjeu d’image pour préserver sa renommée, pour attirer les investisseurs, les financements, l’intérêt des pouvoirs publics, les créateurs d’entreprises et les jeunes en formation.